Se loger à Majorque

Venir travailler à Majorque

Vous êtes venu sur l’île pour vos vacances, vous avez eu un coup de foudre et vous souhaitez venir travailler une saison ou plus à Majorque ? Arrêtez tout et lisez ceci. Attention : les lignes qui suivent ne concernent que les Français, les Belges et les Luxembourgeois. Pour les Suisses et les Canadiens, il y a d’autres règles.

Les démarches administratives pour venir vivre à Majorque

Bonne nouvelle : l’Espagne et la France (ainsi que la Belgique) ont un point commun. Ce sont des États membres de l’Union européenne. Il y a donc des facilités d’installation.

Pour autant, cela ne signifie pas que vous pouvez débarquer du jour au lendemain et travailler aussi sec. Vous allez devoir vous acquitter de certaines démarches administratives.

La première va être de faire votre NIE ou Numéro d’Identification d’Étranger. Pourquoi ? En effet, si vous cherchez sur le web espagnol, vous trouverez des pages vous indiquant que vous n’en avez pas besoin pour avoir un contrat de travail. Il vous faut simplement un numéro de Sécurité sociale et pour avoir un numéro de Sécurité sociale espagnole, il vous faut le NIE.

Bien sûr, vous pouvez tenter la blague qui consiste à travailler au noir, sans être déclaré, mais, vous prenez le risque de ne pas être payé.

Donc, commencez par faire votre NIE puis votre NASS. Pour le NIE, je vous recommande de le faire directement en France, cela ira plus vite. Cela se fait principalement en ligne et vous devrez vous rendre au consulat pour récupérer votre numéro et payer le droit de timbre, qui coûte plus ou moins 5 €. En France, j’ai obtenu le mien en trois semaines et d’après les retours que j’ai eus pour Majorque, cela prendre plusieurs mois.

Pour faire le NASS, vous pouvez le faire en ligne.

Une fois que vous avez ces deux documents, vous allez pouvoir chercher du travail, mais attention, il reste un gag à résoudre : le logement.

Trouver un logement durable à Majorque

Cela fait déjà trois ans que le secteur immobilier de Majorque est en crise. Comprendre : on est sur des loyers parisiens et si vous en doutez, faites un tour sur Idealista. Bref, c’est la guerre pour se loger. Pour autant, les salaires ne sont pas parisiens, loin de là. Gardez à l’esprit que si vous obtenez un salaire de 1500 €, c’est un bon salaire sur l’île.

La bonne nouvelle est que contrairement à la France, on ne vous demandera pas des tonnes de formalités administratives. En fait, les bailleurs veulent surtout que vous soyez solvables et surprise : il n’est pas rare qu’ils demandent plusieurs mois de loyer d’avance, voire un an. En théorie, en vertu de la Ley de Arrendamientos Urbanos, article 17 « En aucun cas le propriétaire ne peut exiger le paiement d’une avance supérieure à un mois de loyer ». Dans les faits, le marché est tellement tendu que c’est devenu à la tête du client. Donc, soyez prêt à démontrer votre solvabilité, quitte à mettre sous séquestre la somme pour les loyers. On vous demandera aussi votre NIE pour la location.

Autre bonne nouvelle : contrairement à la France, les indépendants ne sont pas regardés de travers à Majorque. Si vous êtes autónomo, l’équivalent espagnol de la microentreprise, on ne vous montrera pas la porte. Comme me l’expliquait un ami, « ici, on part du principe que si tu es autónomo, c’est que tu sais faire de l’argent tout seul, donc personne ne te regardera de travers. Tu dois juste prouver ta solvabilité et pour ça, montre tes relevés bancaires, ça calme tout de suite ». À bon entendeur.

Le marché du travail à Majorque

Passons aux conditions de travail. En Espagne, la norme est de 40 heures de travail hebdomadaire. Dans le secteur touristique, il n’est pas rare qu’il n’y ait qu’un seul jour de repos, pas nécessairement le dimanche et que vous soyez en horaires décalés. Regardez les offres d’emploi sur Indeed pour vous faire une idée. Faites une croix sur les RTT, ça n’existe pas en Espagne.

Autre particularité de Majorque : la maîtrise des langues. Si vous vous imaginez que vous allez pouvoir travailler sur l’île sans parler ni anglais ni espagnol, vous pouvez aussi bien rester en France. Les employeurs sont souvent en recherche d’une troisième, voire d’une quatrième langue. On ne vous demandera pas un niveau bilingue pour toutes les langues. Néanmoins, vous devrez au moins être capable de parler couramment en anglais, en espagnol et, si possible, en allemand, français ou italien. Pourquoi ces langues ? Parce que ce sont celles qui sont les plus pratiquées sur l’île.

Dernière démarche administrative : l’empadronamiento. Cela consiste à vous inscrire sur le registre municipal. Là aussi, ça peut se faire en ligne, sur le site de la mairie et là encore, on vous demandera votre NIE.

À une époque, certains employeurs pouvaient s’occuper de l’ensemble de ces démarches pour leurs salariés, mais ce n’est plus vraiment le cas actuellement.

Pour chercher un emploi sur Majorque, vous avez plusieurs sites : Indeed (mais faites attention à bien afficher la version espagnole), LinkedIn, le SOIB et InfoJobs. Vous pouvez aussi chercher des groupes Facebook d’emplois, mais gardez à l’esprit que vous serez loin d’avoir un profil qu’on va s’arracher.

En effet, le secteur touristique est celui qui fait vivre l’île et d’année en année, ce sont souvent les mêmes saisonniers qui reviennent. Les places sont donc chères et naturellement, les employeurs, pour diverses raisons, peuvent préférer faire travailler les locaux. Il y a quelques postes en marketing, mais ils ne sont pas nombreux. Enfin, il reste le secteur de la construction.

Dernier point essentiel à prendre en compte pour les Français : le chômage et les aides sociales. Pour dire les choses simplement, elles sont quasiment inexistantes. Si vous perdez votre emploi, vous aurez droit à plus ou moins 400 € par mois si vous avez de la chance, mais ce sera tout.

Pensez aussi à garder vos bulletins de salaire pour faire valoir vos droits à la retraite en temps voulu, mais, les cotisations sont moindres en Espagne donc, ne partez pas du principe qu’un trimestre travaillé en Espagne vaut un trimestre travaillé en France.

Le cas des digital nomads

Étant plus ou moins dans ce cas, je vais en dire quelques mots. Nous avons un avantage : nous sommes généralement à notre compte, libres de nos horaires. Tout ce dont nous avons besoin est d’une connexion Internet. Nos métiers vont de l’informatique, en passant par le marketing, jusqu’au journalisme ou à l’écriture.

Comme nous sommes à notre compte, nous avons déjà appris à nous passer des différentes aides sociales puisque dans 99 % des cas, nous n’y avons pas le droit. Nous sommes clairement déjà conditionnés pour vivre à Majorque.

Par contre, ne faites pas l’erreur de croire que ça vous coûtera moins cher de vivre à Majorque qu’à Paris. Comptez 2500 € pour vivre confortablement : n’oubliez pas que vous devrez payer vos outils de travail, dont votre connexion Internet et votre assurance santé. Le coût est moindre pour les expatriés, mais, comptez tout de même des frais d’installation.

Si en France, vous êtes microentrepreneur, en Espagne, vous serez autónomo. Cette question sera abordée dans un autre article.

La question des impôts

Non, Majorque n’est pas un paradis fiscal, oui, vous allez payer des impôts sur votre revenu. Mais, la question de la fiscalité dépend de votre résidence fiscale. Si vous venez vivre durablement à Majorque, vous payerez des impôts en Espagne, pensez simplement à le signaler à la DGFIP pour éviter la double imposition.

Pour les indépendants, c’est encore une autre histoire, qu’on abordera dans un article dédié.

Qu’en est-il des travailleurs saisonniers ? La réponse ne paraît pas évidente et le seul conseil qu’on vous donnera est de vous rapprocher de la DGFIP. Ne pensez pas à ne pas déclarer les sommes en question. Tous ceux qui ont joué avec les impôts ont perdu. N’hésitez pas à poser la question à votre futur employeur.

Ce que vous devez retenir de cet article est que même si vivre à Majorque paraît idyllique, ce n’est pas aussi facile de s’y installer et d’y travailler. Même en étant citoyen européen, il y a certaines démarches à faire et n’en faites pas l’économie.